L'interlingua, triomphe de la linguistique moderne

 

Docteur Alexander Gode 

Préside depuis sa fondation (1955) aux destinées de l'«Union mondiale pour l'interlingua».

Né à Bremen, naturalisé Américain, il fait ses études à Vienne, à Paris, puis à l'université de Columbia. Travaille à I.A.L.A. depuis 1934. Après la seconde guerre mondiale il succède au professeur Martinet, directeur de cet organisme, et mène à bonne fin un «Dictionnaire interlingua-anglais» en 1951.

INTERLINGUA - TRIOMPHE DE LA LINGUISTIQUE MODERNE

R. JACOBS, Federation interlinguiste del R.P.

Contre-Courant, le périodique de la question sociale, 16 année, No. 149, L’ex. un franc, 20 mai 1967.

Peu de gens ont réfléchi à l’énorme simplification que constituerait l'adoption d'une langue internationale. Toutes les relations, depuis celle du touriste avec son hôtelier jusqu'à celles du chercheur spécialisé avec ses pairs, en passant par celles du client avec l'industriel ou le cultivateur qui le ravitaille, seraient bouleversées. Les travailleurs, qui pourraient se comprendre en passant d’un pays à l'autre, pourraient mieux se défendre contre l’exploitation capitaliste et la transmission, sans barrières de l'information mettrait fin aux préjugés et aux mensonges, causes premières des guerres.

Depuis cent ans, de hardis pionniers se sont attelés à la tâche exaltante de doter l’humanité d’une langue digne de sa culture et de son idéal. Mais sans doute avaient-ils trop présumé de leurs forces ou sous-estimé l‘énormité du travail à accomplir; car aucun des nombreux projets, présentés jusqu’ici au public, n’a reçu l'accueil espéré. Examinons le cas du plus célèbre d’entre eux: l’espéranto

Par une singulière inconséquence, son auteur a introduit dans son alphabet des lettres accentuées introuvables dans les imprimeries! À ce vice fondamental du système s’ajoutent une grammaire aux formes archaïques et compliquées et surtout un vocabulaire très restreint (700 racines) et puisé au hasard dans les principales langues européennes. Rien d’étonnant alors que, malgré le dévouement des espérantistes, la langue recule ou végète (100.000 adhérents en 1905, 40.000 aujourd’hui — d’après Revuo Internacia de Esp.) 1962.

Cependant, d’autres chercheurs s’orientaient dans une voie différente. Au lieu de vouloir créer de toutes pièces une nouvelle langue, le célèbre mathématicien italien Peano partait du latin classique et, par une série de simplifications, arrivait à une langue très simple, le latino sine flexione ; le chef de la gare centrale de Vienne, Julius Lott, lui, partait des principales langues européennes pour en extraire un vocabulaire international, dont il proclamait l’importance.

Or, les deux langues ainsi obtenues étaient très proches l’une de l’autre, au point qu’un esprit non prévenu aurait pu les confondre. Nous trouvons ici un des caractères les plus marquants des langues naturalistes: la convergence des systèmes. À partir du moment où on a compris que la langue internationale n’a pas à être inventée, mais qu’elle existe en puissance dans les grandes langues de civilisation, le vocabulaire international devient la base commune solide et les langues ne diffèrent plus que par des détails.

En 1924, Ia confusion était grande dans les rangs des partisans des langages a priori. De vives critiques s’élevant contre l’esperanto et plusieurs systèmes, en particulier l’ido, tentaient de l’améliorer. Une femme, Mme Morris, créa avec l’aide du chimiste américain Cottrel une organisation chargée de résoudre scientifiquement le problème. Ce fut I.A.I.A. : International Auxiliary Language Association, aux travaux de laquelle collaborèrent tous les systèmes de langues auxiliaires. Ceux-ci furent examinés minutieusement par les linguistes internationaux le plus réputés : en fin en 1951, après vingt-cinq ans de travail, I.A.L.A. publiait: interlingua. Le système artificiel du type espéranto était abandonné, et l’école naturaliste se voyait rendre enfin justice. Aucune trace d‘artificiel en effet ne subsiste en interlingua. Ses dérivés sont parfaitement naturels, ils existent non seulement dans les sept langues de contrôle (anglais, francais, espagnol, portugais, italien, russe et allemand), mais encore dans plusieurs autres langues d’Europe.

Une conséquence extrêmement importante, c‘est que l'interlingua est comprise à première vue par toute personne un peu cultivée. Cette compréhension immédiate a provoqué les premiers succès de l'interlingua. Dès sa parution, une quinzaine de publications scientifiques américaines s’en emparaient pour leurs résumés de rapports médicaux. Remarquez que ce sont les savants américains qui ont pris cette décision, répondant ainsi à ceux qui vont disant : «Inutile d’apprendre une langue auxiliaire, l’anglais suffit à tout.»

Remarquez aussi qu’aucune langue artificielle ne peut présenter un succès comparable. Sans doute certaines ont obtenu des articles scientifiques de sympathisants, qu'elles ont publiés par leurs propres moyens. Ici il s’agit d’un usage régulier, depuis plus de quinze ans, par des revues de renommée mondiale touchant des millions de lecteurs. Cet usage se confirme et s’étend d’ailleurs, puisque nous comptons aujourd’hui trente-trois revues qui emploient l'interlingua, en dehors des bulletins publiés par les diverses interlinguistes (une douzaine d’associations nationales, plus les organismes spécialisés, groupés dans l‘Union mondiale pour l'interlingua.)

L'interlingua s’appuie sur l’héritage latin subsistant dans nos langes modernes; son vocabulaire -27.000 mots- est largement suffisant pour servir de langue véhiculaire à l’Europe nouvelle et même à toute la terre, car la civilisation occidentale s’est étendue au monde entier. Il n’existe pas de grammaire plus simple que celle de l’Interlingua débarrassée de toutes les complications linguistiques dénoncées par le grand linguiste André Meillet.

En étudiant l'interlingua, vous ne risquez pas d‘aborder des notions erronées. Outre le vocabulaire international, vous vous familiarisez avec les dernières découvertes de la linguistique. Vous disposez de la langue qui possède le plus grand coefficient d’accès mondial. Vous pouvez aller dans n’importe quel pays avec la certitude de vous faire comprendre de médecins, pharmaciens, prêtres, professeurs, polyglottes et hommes de loi, ce qui est une assurance précieuse pour qui voyage a l’étranger. En France même vous êtes appelés de plus en plus à rencontrer des gens ignorant votre langue maternelle et qui seront bien contents si vous pouvez les renseigner, même s’ils se demandent si c’est du portugais ou de l‘italien qu’ils ont entendu!

Voici d‘ailleurs un spécimen qui vous permettra de vous faire une opinion : «Un sonio, vivente in nostre animas durante multe annos, esseva finalemente realisate : cameradas se incontra e parla facilemente in interlingua unes a alteres, cognosce co-idealistas con les que illes ha correspondite, ma que illes non ha vidite ante. Nos nos incontra in un ambiante fascinante, e nos discute nostre scope commun, le lingua international, un ponte de amicitate inter le populos del mondo, e nos mitte le fundamento del progresso e del collaboration futur» P. Moth (prime congresso de Tours).

Seuls les espérantistes, fiers de la relative diffusion acquise par quatre-vingts ans d’efforts, boudent le jugement de I.A.L.A. Ils devraient se souvenir pourtant des paroles de Zamenhof : «Nous propageons l'espéranto seulement provisoirement; mais quand une autorité internationale aura établi une langue auxiliaire, nous promettons solennellement de nous rallier sans dispute à cette nouvelle langue» (Leteroj I).

Alors! camarades espérantistes, qu’attendez-vous ?

R. JACOBS

Federation interlinguiste del R.P.


Pour plus d'information sur l'interlingua 


https://www.interlingua.com/instruction-national/#francese


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